samedi 27 août 2011

Association des Propriétaires de la Vieille Ville - Constantine -

Souika vue du ciel (Google Earth)
C'est avec plaisir que je publie ci-dessous la lettre de l'Association des Propriétaires de la Vieille Ville que vient de m'adresser son président : Fodil Bouchedja.

« LA SAUVEGARDE de la MEDINA,
REHABILITATION des ESPRITS et
RESTAURATION de la MEMOIRE »

Monsieur Fodil BOUCHEDJA
Président de l’Association des Propriétaires de la Vieille Ville – Constantine-
Membre Assesseur de l’Association Défense du Vieux Rocher.

L’association des Propriétaires de la Vieille ville de Constantine fut créée sur l’initiative de quelques personnes qui voyaient l’héritage laissé par leurs aïeux partir doucement mais sûrement et c’est pour s’imposer comme interlocuteur légal et légitime  vis-à-vis des autorités de la ville qu’une action structurée et organisée s’imposa d’elle-même.

La médina  constantinoise est, en plus d'être pour nous un patrimoine, aussi un  héritage, des racines, les lieux de notre naissance, de notre enfance, de nos premiers jeux, des odeurs, des bruits, des traditions et des souvenirs indélébiles.      

Malheureusement, la maison constantinoise, en particulier et la médina en général subissent, en silence mais très dignement les ravages du temps et l’injustice des hommes.

Une  forte   surpopulation, et  cela  malgré les  innombrables opérations de relogements, dont les conséquences sont : une insalubrité, une promiscuité, une insécurité totale due à l’absence de tout contrôle à l’intérieur de la vieille ville.

Et enfin une dégradation totale des lieux,  due à l’ignorance et à l’inconscience des résidents aidés et encouragés, parfois, par les pouvoirs publics.

Ceci, nous incite à dire que l’une des solutions les plus préconisées, pour sauvegarder la médina de Constantine, reste la dé densification au niveau de la vielle ville.

S’estimant avoir été mise, pendant des décennies, en marge des décisions prises au niveau de la vieille ville, notre association pense qu’aucune tentative pour l’amélioration du cadre de vie sur le vieux rocher et dont la réhabilitation du bâti en est l’atout majeur, ne pourrait être prise sans la consultation et l’adhésion des premiers concernés, à savoir les propriétaires, car nous nous battons, non seulement pour la protection de ce joyau architectural, classé patrimoine national en espérant qu’il le soit, bientôt universel, mais aussi en tant que bien personnel et propriété privée, construit à la sueur des fronts de nos grands-parents, mais malheureusement détruit par une idéologie barbare ainsi que la cupidité de certains, aidés et encouragés par le laxisme et l’incompétence de quelques responsables

Pour ce faire, nous pensons que la pérennité de la maison constantinoise, en particulier et de la médina en général, doit d’abord obéir à certains critères, à savoir :

I) LA REHABILITATION des ESPRITS.
II) LA RESTAURATION de la MEMOIRE.

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I) LA REHABILITATION des ESPRITS :

La première question que nous posons, en ce qui concerne ce point, est pour les autorités de la ville :

- Est-ce que les pouvoirs publics ont réellement la volonté politique pour sauver la vieille ville ???
Si la réponse à cette question est ‘oui’, nous estimons que la réalité sur le terrain demeure très loin de nos espoirs, car le ciblage pour la restauration de quelques bâtisses, ne répond pas a une réelle solution rationnelle pour la sauvegarde de la vieille ville.
La seconde question, est pour les habitants de la vieille ville :

- Est-ce que le citoyen habitant la médina mesure et reconnaît l’importance Architecturale et Historique des lieux qu’il occupe ???
Pour nous, d’emblée la réponse est négative, car ce même habitant qui pour avoir un logement décent pour lui et sa famille, pense que la seule manière d’y accéder, serait de saccager des résidences d’une inestimable valeur, œuvres séculaires du génie humain ayant résisté à l’usure du temps pour nous raconter l’histoire de l’humanité à travers un héritage précieux, pour les uns mais sans aucune importance pour d’autres.

La détérioration volontaire que subit la vieille ville, paradoxalement classée patrimoine national. Susceptible d’accéder au statut de patrimoine universel dont la protection relèverait de l’U.N.E.S.C.O, pour peu que les associations et les actions citoyennes de sauvegarde  des richesses architecturales, culturelles et historiques s’opposent vigoureusement aux décisions bancales, tortueuses qui semblent obéir à des considérations obscures.

II) RESTAURATION de la MEMOIRE :

Le but de la réhabilitation de la vieille ville doit être, aussi, celui de la réconciliation des habitants avec leur cadre de vie. Sans occulter que ceci permettrait la réconciliation de ces derniers avec leur identité et leur mémoire.

L’âge de la vieille ville a été approximativement déterminé en fonction des nombreuses civilisations ayant laissé leurs empreintes sur le site.

C’est précisément, autour de cette question que les travaux doivent être poursuivis, car n’oublions pas, que le colonialisme  a rasé une grande partie des édifices historiques, compris entre la SOUIKA et la CASBAH pour édifier la rue Ben-m’hidi (Ex rue Nationale), la rue du 19 juin (ex rue de France), le Boulevard Zighoud Youcef (ex Bd de l’abîme). Beaucoup de sites archéologiques n’ont pas livré tous leurs secrets, les recherches post indépendance ont étés privés des moyens adéquats afin d’aller au delà de ce que les chercheurs et archéologues Français ont entrepris dans ce domaine.

En tout état de cause la médina de Constantine contient indéniablement les traces d’une imbrication architecturale et historique qui remonte à bien plus que les deux mille cinq cents ans qui sont retenus comme référence pour définir l’âge de Constantine.

Pour conclure, la médina de  Constantine, patrimoine matériel et immatériel, est un précieux trésor, elle constitue un livre d’histoire que nous sommes tenus de conserver, de préserver et de transmettre aux générations futures, car il y va de notre citoyenneté et de la leur ainsi  qu’au delà, de cette ville, celle de mémoire collective de tout un peuple et celui de l’humanité toute entière.

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